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EPIGENETIQUE ET DON D'OVOCYTES

Dernière mise à jour : 13 mai

Par Léa KARPEL (Magazine fertilemag)


Ce refrain de la fameuse chanson de Vianney : « Il n’y a pas que les gènes qui font la famille

» célèbre la famille recomposée et l’affection qui y circule. En écho, répond la chanson de

Johnny Halliday « sang pour sang », où il clame sa grande ressemblance physique avec son

fils tout en reconnaissant qu’il n’a jamais su s’occuper de ce dernier, ni répondre à ses

attentes paternelles.

Dans le cadre d’un don de gamètes, ces questions de génétique, de ressemblance, de

transmission, de bons soins parentaux sont essentielles à résoudre avant de se lancer dans

l’aventure. En effet, pour certains, construire une famille sans la participation de ses

propres gènes peut être l’unique solution pour devenir parent.

Nous nous représentons la famille comme la résultante de l’union de deux adultes aimants

qui partagent le désir d’élever ensemble leurs enfants. Cette représentation occidentale de

la famille s’apparente à l’image d’Epinal d’un père, d’une mère et de deux enfants.

Seulement, les moeurs ont évolué.

Les couples se séparent et les familles se recomposent. Longtemps, le divorce a signifié

pour les femmes se retrouver seules à élever dans la difficulté des enfants dont le père

avait cessé de se préoccuper au quotidien. Puis, les pères se sont davantage positionnés. Ils

ont réclamé des droits de garde plus fréquents de leur enfant. Aussi, la famille a de

nombreux visages aujourd’hui : des pères et des mères ensemble, seuls, ou unis à un autre

adulte, vivant avec un ou plusieurs enfants, dans le même logement, composent une

famille.

Aussi, il ne suffit pas de donner son patrimoine génétique (des hommes et des femmes

abandonnent des enfants), ni de vivre sous le même toit (des colocataires ne forment pas

une famille) pour constituer une famille.

Le strict minimum pour faire famille serait qu’un adulte aimant souhaite élever, chérir,

soigner et éduquer un enfant et que cette responsabilité lui incombe durant toute sa vie.

En quoi les gènes participent de cette responsabilité ?

Il est des familles où il n’existe pas d’amour entre les êtres et tous ses membres en sont

terriblement malheureux. Par conséquent, la famille se délite, ses membres s’éloignent et

la famille disparaît. D’autres adultes censés être parents sont irresponsables. Les carences

de soins, de préoccupations, et d’éducation transforment leurs enfants en des êtres

extrêmement fragiles, incapables de faire face à l’existence, au lien social, à la scolarité et à

la vie en général.

Si nous devions prétendre que la famille repose sur les gènes alors nous accepterions ces

dysfonctionnements sur l’autel de la génétique sacralisée. Or, la société protège ces

enfants de leurs « parents » dysfonctionnels. Les droits parentaux peuvent être retirés et

ces enfants sauvés des maltraitances et de la folie.


Par conséquence, la transmission génétique ne dit rien des capacités parentales, de

l’amour parental ni du bonheur familial.

Ontologiquement, la reproduction était la seule façon de construire une famille. Aussi, la

famille ne pouvait être considérée autrement que constituée par les gènes. L’adoption est

un moyen récent historiquement pour constituer une famille. Quant au don de gamètes,

encore plus récent, il peine à s’installer dans l’inconscient collectif comme mode

reproductif ; le don d’ovocytes encore moins que le don de sperme.

Les gènes contenus dans les gamètes restent dans l’imaginaire social le seul moyen de

transmettre son capital à son enfant. Or, que signifie transmettre son capital… son capital

sympathie, son capital financier, son capital intellectuel ? Bref, que reste-t-il à régler avec

la génétique lorsque l’on devient parent grâce à un don de gamètes?

Il reste la ressemblance physique. Il s’agit d’un point incontournable dans le choix de la

procréation avec donneur. La génétique participe de la ressemblance entre membres d’une

même famille. Et encore ce point est discutable, car de nombreux frères et soeurs ne se

ressemblent absolument pas. Chacun des membres de la famille emprunte des traits à l’un

ou l’autre des parents ou des grands-parents sans qu’il s’agisse de clones physiques, ni

psychiques. Cependant, l’éventualité d’une dissemblance entre le parent infertile et l’enfant

est la plus probable avec le don de gamètes. Il faudra l’accepter, même si l’épigénétique

entraînera sans doute l’apparition chez l’enfant d’un trait caractéristique de votre physique

: une fossette, une tâche de naissance ou autre point visible ou invisible de votre

physionomie.

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Consultation à son cabinet et en visioconférence

06 71 00 55 28

6 bis avenue Mac Mahon 75017 Paris

Métro Charles de Gaulle Etoile

La psychologie nous enseigne que derrière chaque désir d’enfant se cache un désir de

reproduction de soi. Aussi, les femmes imaginent elles plus fréquemment avoir une fille et

les hommes un garçon. Et ce afin d’avoir le plaisir de se retrouver dans les traits d’un «

mini-moi » qui aurait la possibilité de réaliser ce que l’on n’a pas réussi soi-même. L’enfant

serait alors une version améliorée de soi et Il n’est pas facile de se défaire de ce doux rêve.

Quelle part de différence chez l’enfant peut-on tolérer ? Quel besoin avons-nous de nous

retrouver physiquement puis psychologiquement dans notre enfant ? En effet, ça n’est pas

seulement de ressemblance physique dont il s’agit mais aussi de ressemblance sociale,

économique, intellectuelle ou politique. Pourquoi un enfant qui pense autrement, qui sort

de son milieu religieux, économique ou social, suscite tant de rejet parfois chez sa famille ?

Parce qu’on refuse l’altérité. On préfère ce que l’on connaît déjà. On veut du semblable, que

rien ne change vraiment d’une génération à l’autre. Or, enfanter permet de se continuer

mais aussi de créer un autre, strictement différent de soi.

Quel risque de rejet de l’enfant serait à l’oeuvre si la part inconnue de la donneuse est

déniée dans la procréation ? Il faut s’interroger sur la part de soi à transmettre et celle

prête à être abandonnée pour devenir parent.

Il faut accepter que nos gènes ne participent pas à la conception de notre enfant et que

cela va entraîner des modifications dans la physionomie de ce dernier ; tout en s’assurant

de l’aimer malgré le risque de dissemblance physique et compter sur sa propre capacité

d’amour, de joie et de partage avec son enfant.

Ce ne sera donc pas l’usage d’un don de gamètes qui perturberait un enfant à venir mais

bien le rejet de son parent. Ce n’est pas la présence d’unes donneur/se qui perturberait un

enfant mais l’impossibilité de son parent à l’aimer. Ce n’est pas l’anonymat ou pas d’un.e

donneur/se qui perturberait l’enfant mais l’idée que quelqu’un d’autre pourrait l’aimer car

son parent blessé par l’infertilité et rejetant n’y parvient pas. Aussi, dans la réflexion avant

le recours au don de gamètes, ne nous trompons pas d’objet de réflexion. Il s’agit d’abord et

avant tout d’accepter d’avoir perdu la capacité à se reproduire par ses propres gamètes afin

d’accepter d’utiliser les gamètes d’un ou une donneur/se.

Comptons sur les enfants conçus par don de gamètes pour se faire aimer de leur parent et

apaiser les craintes de ces derniers en réveillant et suscitant leur amour parental.


Consultation à son cabinet et en visioconférence leakarpel@icloud.com

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